Le Musée/Le Wagon
Au coeur de l’épaisse forêt de Compiègne, se niche, dans une boucle de l’Aisne, une clairière tranquille inondée d’un soleil qui semble y avoir réservé ses rayons, comme le soleil d’Austerlitz avait annoncé la victoire de Napoléon. C’est la clairière de l’Armistice, où cessèrent les combats de la Première Guerre mondiale et où fut consacrée la victoire des armées alliées.
Soudain, au détour d’un virage, se dresse un monument de grès rose qui interpelle le visiteur. Cette sculpture érigée en 1922 pour célébrer le retour de l’Alsace-Lorraine à la France après le traité de Versailles est l’oeuvre d’un ferronnier alsacien, mémorial de Compiègne. Tout le symbole de la revanche de l’Alsace française est contenu dans ce monument où l’aigle prussien est terrassé par le glaive de l’armée française. Au centre de la clairière ronde, une dalle aux lettres usées par le temps et les vicissitudes proclame qu’ici, succomba le criminel orgueil de l’empire allemand vaincu par les peuples libres qu’il prétendait asservir.
De chaque côté de cette dalle, des rails s’enfoncent dans la terre et franchissent deux quais de pierre qui symbolisent les deux trains : allemand et français, qui se rencontrèrent ici pour écrire le dernier chapitre de cette guerre. Pourquoi un train ? C’est le Maréchal Foch qui eut cette idée brillante : l’armistice sera signé dans son PC itinérant, un train dont le wagon restaurant a été transformé en bureau.
C’est le Général Weygand, chef d’État-Major du Maréchal Foch et témoin direct qui raconte : Le 8 novembre, à sept heures, dans une aube grisâtre, glisse lentement à travers les arbres de la forêt de Rethondes une petite lumière rouge. C'est le train des parlementaires allemands. Doucement refoulé, il s'arrête en plein bois, sur une voie légèrement incurvée, ne présentant ni quai ni abri. A deux-cents mètres environ, on distingue, à la même hauteur, la ligne noire d'un autre train arrêté. C'est celui du Maréchal Foch, arrivé là depuis la veille. Le Maréchal Foch attend dans son wagon, l'heure qu'il a fixée. Dans quelques instants, les représentants de l'ennemi seront là, attendant qu'il leur dicte les conditions des vainqueurs. Il tient enfin cette victoire pour laquelle il a travaillé pendant plus de quarante années de paix et dont il fut, dans une gigantesque lutte de huit mois, le grand partisan.
Le wagon, objet incontournable de ce lieu de mémoire, étonnamment est réaffecté au service ferroviaire de la Compagnie des Wagons-lits en Septembre 1919. La Compagnie ne tarde cependant pas à en faire don au président de la Répubique qui s'en sert pour ses déplacements jusqu'en 1921, puis il est exposé pendant six ans dans la Cour des Invalides. Enfin, il rejoint en 1927, la Clairière aménagée en 1922.