Jonquières, à l’ouest de l’Agglomération de Compiègne, apparaît comme un village de transition entre la vallée de l’Oise au sud, la plaine d’Estrées Saint Denis à l’Ouest et le plateau de Margny-lès-Compiègne au Nord. Trois buttes boisées cantonnent le village : le Mont Hart, le Mont Clergé, le Mont d’Huette, le plus élevé, culminant à 157 mètres au-dessus du niveau de la mer. Hormis ces buttes, d’autres parties de la commune sont couvertes de forêts. La plus étendue étant le Bois de Caubrières au Nord du hameau de Montplaisir.
Jusqu’au XXe siècle, l’agriculture, liée à un artisanat rural, demeura l’activité principale : vergers et vignes couvraient les pentes. Historiquement, le village de chasseurs surveillant la rivière apparaît dès le néolithique. Les briques et les tuiles caractéristiques des habitations, façonnées à partir des terres argileuses proches du bourg, contribuent à l’architecture caractéristique du village. L’église Saint-Nicolas, classée Monument Historique, a été construite à la fin du XIIe siècle mais en grand partie réédifiée au XVIe ; son portail occidental au XVIIIe.
Progressivement, ce village rural profitant du dynamisme de l’agglomération devient village rurbain. Le défi pour la municipalité s’avère d’offrir les services demandés par les résidents travaillant dans le bassin compiégnois tout en conservant une identité campagnarde.
UN PEU D'HISTOIRE
Épitaphe pour un Arbre de la Liberté
Au printemps 1964, l’arbre de la Liberté - un marronnier majestueux - qui trônait fièrement au milieu du village de Jonquières depuis 175 ans, est abattu. Le capitaine Boré, militaire en retraite, de passage, va témoigner de cet instant en écrivant un poème de huit strophes dont le manuscrit est resté.
Il eut aussi l’idée de conserver une tranche issue du tronc du marronnier. Sa circonférence est de 1 m 65.
Contexte historique : L’arbre de la liberté est à l’époque de la Révolution, l’un des symboles de la liberté fraichement acquise. Planté, en général à l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent du village, ce végétal devait grandir avec les institutions nouvelles. À partir de l'an II (1793-1794) et sous le Directoire, il deviendra un monument national sacré et très protégé.
Les 3 cloches contenait de l’église Saint-Nicolas
Toutes les personnes qui sont montées dans le clocher ont décrit un espace suffisant pour y loger trois cloches. Le campaniste chargé de leur entretien a confirmé cette observation en 2020. Aujourd’hui, seule « Julie Gabrielle » est présente. En 1828, les Jonquièrois se plaignent que celle-ci, fêlée, n’est plus entendue qu’à peu de distance. Le maire, Auguste de Muyssart, fera voter sa refonte, afin d’en augmenter le poids. Mgr Almignana, desservant de Jonquières, procède à sa bénédiction. On lit encore, gravé sur le pourtour : « J’ai pour parrain M. Jules de Septenville et pour marraine Gabrielle Hyacinthe de Boubers ». Les archives municipales attestent qu’avant la Révolution le clocher accueillait deux cloches. En 1788, Antoine Lardenois, curé de la paroisse, avait béni « Henriette-Clémentine », dénommée par Charles François de Boubers, seigneur de Jonquières, et an plus tard, une autre « Marie-Louise-Adélaïde » dénommée par Gabriel Morlière, un vigneron Jonquièrois.
Découverte du patrimoine local : les vitraux de l’église Saint-Nicolas
Le vitrail de la vigne ou des Apôtres, situé au bras sud du transept, a été restauré en 2005 par Claude Courageux, maître verrier.
Il est composé d’une partie centrale (un cep de vigne et ses grappes de raisin) entourée de 15 médaillons (onze apôtres et quatre évangélistes) avec à la base un texte latin : « Je suis la vigne, et vous êtes les sarments ».
L’abbé Deligny a créé cette verrière en 1857 où sont figurés les apôtres. Ils sont identifiables par un symbole et/ou par l’instrument de leur martyre. Leur nom est inscrit autour de chaque médaillon.
En haut, au centre : Saint-Pierre : deux clés et la croix à l’envers ; en dessous à gauche : Jacques-le-Majeur : deux épées, une lance et un casque ; à droite Saint-Paul : un parchemin et un livre ; puis de gauche à droite : Saint-André : une croix en X ; Saint-Thomas : une chaire de prédicateur ; Saint- Philippe : une épée, une palme et des pains ; Saint- Jacques-le-Mineur : une arcade de temple ; Saint-Barthélemy : une croix, une lance ; Saint-Simon : une croix et deux palmes ; Saint-Matthias et Saint-Jude : une croix et 4 flèches.
Les quatre médaillons du bas symbolisent les évangélistes : Saint- Matthieu : des pièces d’argent sur un bureau ; Saint-Luc : une tête de taureau et un chevalet ; Saint-Marc : une tête de lion dans la forêt ; Saint-Jean : un aigle et un chaudron d’huile.
Entre 1669 et 1794, Picard, La Caille et les Cassini puis Delambre, astronomes renommés ont eu pour mission de déterminer la longueur du méridien terrestre. Ils choisiront les mêmes « stations » géodésiques dont le moulin à vent du Mont-Clergé, lieudit de la commune de Jonquières. Ce repère associé avec un clocher ou une tour forment un triangle dont on mesure les trois angles et une longueur. Ce simple exercice de géométrie, aboutira à établir une mesure universelle, le mètre. Le dernier astronome de passage sera Jean-Baptiste Delambre missionné par la Constituante. Il décide de visiter les « stations » : clocher, tour, moulin » proches de Paris. Il est à Jonquières le 16 juillet 1792. L’accueil du maire est favorable mais sous la pression, l’incompréhension et l’hostilité des villageois, le conseil municipal va demander une justification de la présence ce savant et de ses drôles d’instruments. Delambre se rendra à Beauvais pour obtenir d’Edouard Dauchy, député de Clermont en Beauvaisis, membre de l’Assemblée Nationale, l’autorisation en bonne et due forme. Il reviendra également, avec une recommandation pour le curé de la paroisse : Just Antoine Lardenois. Munis des deux sésames, Delambre poursuit son travail : une triangulation a lieu entre le clocher de Clermont, le moulin de Jonquières et le prieuré Saint-Christophe de Fleurines, le 4 août 1792.
Valentin Conrart, premier secrétaire de l’Académie française, en visite au château de Jonquières au 17e siècle
Valentin Conrart (1603-1675), est un homme de lettres français, initiateur du projet de l’Académie française dont il fut le premier secrétaire. Beau-frère de Jean de Dompierre, il effectue entre 1632 et 1673 plusieurs séjours au château de Jonquières. Ce château est occupé, dès 1524, par les seigneurs de Dompierre.
En 1634, Valentin se marie avec Madeleine Muysson. Les nouveaux époux passent leur lune de miel au château de Jonquières. En 1639, il est de passage à Jonquières
(correspondance avec Chapelain). On le retrouve en septembre 1640, lorsqu’il apprend que Jean de Dompierre « Conseiller du Roy en la Sénéchaussée de Ponthieu et Siège Présidial d’Abbeville » est retenu prisonnier aux Pays-Bas espagnols. Conrart va obtenir sa libération. Valentin aime se reposer à Jonquières, où il fait de fréquents séjours après 1648, (correspondance avec Chapelain, Guez de Balzac et Rivet). Enfin, il prévoit le 8 juillet 1673 un voyage de huit à dix jours à Jonquières, avec son épouse. Il y restera jusqu’au 28 juillet 1673.
Ces données historiques sont une compilation des recherches bibliographiques (Archives communales, Archives départementales de l’Oise, Bnf/Gallica) entreprises par une équipe locale de bénévoles (Petit patrimoine historique de Jonquières).
Pétition pour la remise des clefs de l’église Saint-Nicolas en 1795
Le 2 germinal An III (22 mars 1795) de la République, les paroissiens se sont présentés devant le Conseil général de la commune de Jonquières. Ils désiraient jouir de la Loi qui leur accordait le libre exercice des Cultes et réclamaient que la clef de l’église leur soit remise, pour la pratique du culte catholique, n’ayant aucun autre endroit pour se réunir. Le citoyen maire et la municipalité ont rétorqué que l’Église appartenait à la Nation et que la loi n’accordait de temple pour aucun culte ; en conséquence ladite clef ne pouvait être remise. Les pétitionnaires ont vivement insisté disant qu’ils se chargeaient de répondre de tout événement imprévu ou fâcheux. Le Conseil craignant que le refus de remettre les clefs n’occasionna du tumulte et ne porta la population à des actes de violence, a cru qu’il était de sa prudence et de sa sagesse de remettre lesdites clefs. On requerra, le curé, de reprendre ses anciennes fonctions. Ce dernier assura qu’il n’avait jamais eu d’autre intention, même qu’il s’engageait aux lois de la République. Un acte authentique fut rédigé et paraphé par tous ceux qui savaient signer.