Le château de Pierrefonds, au fil des siècles

 Une forteresse imprenable

Malgré la présence d’une forteresse datant du XIe siècle sur les hauteurs de Pierrefonds, le château que nous connaissons aujourd’hui ne voit le jour qu’en 1397. À cette date, le comte de Valois Louis d’Orléans, frère de Charles VI, tente de légitimer son pouvoir et sa place auprès du souverain. Pour ce faire, il décide de construire les châteaux de Coucy, la Ferté-Milon et Pierrefonds. Son objectif est de déstabiliser son cousin Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, contre qui il se bat pour obtenir la couronne de France.

Le comte de Valois fait alors de sa nouvelle demeure un château médiéval à la pointe de la technologie. Tours rondes excluant les angles morts ; double chemin de ronde, courtines de presque trente mètres de haut : le château est impénétrable ! Alors que le seul espoir des potentiels assaillants est d’avoir recours à des armes de jet – inutiles face à une forteresse de cette taille – le château de Pierrefonds se forge une réputation de place imprenable.

 La fin du monument médiéval

Cependant, Louis d’Orléans se fait assassiner en 1407 par le duc de Bourgogne et le château, tout juste achevé, reste vide jusqu’au début du XVIIe siècle. À cette époque, les opposants au règne de Louis XIII, arrivé sur le trône à l’âge de neuf ans, décident de se réfugier à Pierrefonds en comptant sur la renommée du château pour les protéger. Ce plan aurait pu fonctionner si l’artillerie n’avait pas vu le jour entre temps. En 1617, le jeune roi ordonne de démanteler le château en envoyant les canons à la charge, signant la fin du monument médiéval.

 La renaissance du château au 19e siècle

Durant les années suivantes, les imposantes ruines surplombent toujours le village de Pierrefonds. Le romantisme, naissant au XIXe siècle, lance un regain d’intérêt du public pour ces vestiges, encore majestueux malgré les destructions et le temps. De nombreux artistes viennent passer quelques jours ici pour s’inspirer des lieux, de l’atmosphère, ou encore pour peindre l'antique château. En 1810, il est acheté par Napoléon Ier qui n’entreprend pourtant aucun travaux de rénovation. Il faut attendre le règne de son neveu, Louis-Napoléon Bonaparte, sous le nom de Napoléon III, pour que le château de Pierrefonds renaisse de ses cendres.

La transformation par Viollet-le-Duc

L’empereur, invitant souvent sa cour à Compiègne, souhaite faire du château de Pierrefonds sa demeure privée, dans laquelle seule sa famille et ses proches pourraient séjourner. Transformer des ruines en résidence impériale n’est pas mince affaire, c’est pourquoi il lui faut faire appel au plus grand architecte de son temps : Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc. Artisan de la cité de Carcassonne, de la flèche de Notre-Dame, de l’Hôtel de Ville de Compiègne, et bien d’autres encore... Il prend en charge les travaux à partir de 1857, avec l’objectif de redonner au château un aspect médiéval... idéal. Ne disait-il pas que “Restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné” ?